Un quart de la nourriture produite dans le monde pour la consommation humaine finit à la poubelle. Cela génère des déchets et des émissions de CO₂. Les limiter est l’un des grands défis que nous devons relever au plus vite.
Deux chercheurs de l’organisation internationale Project Drawdown, Chad Frischmann et Mamta Mehra, ont inséré les données de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de diverses autres sources dans un modèle détaillé qui retrace l’ensemble du système de production, de transport et de consommation de nourriture. Sur la base de ce modèle, des scénarios présents et futurs ont été reconstruits concernant la croissance de la population et la consommation alimentaire correspondant.
Il en ressort que la chaîne d’approvisionnement alimentaire du champ à la table est encore extrêmement inefficace. Selon la situation actuelle, d’ici à 2050 il faudra produire 53 millions de tonnes de nourriture en plus chaque année pour soutenir la croissance. Pour y arriver, il faudra il faudra convertir plus de 440 millions d’hectares de forêts et prairies en champs cultivés.
Cela entraînerait à son tour une augmentation des émissions de CO₂ de 80 milliards de tonnes au cours des trente prochaines années. Si ces chiffres sont difficiles à comprendre, pensez aux poubelles des immeubles. Actuellement, 2 860 poubelles de nourriture sont gaspillées par seconde. Si cela ne change pas d’ici à 2050, ce nombre passera à 3 741.
Pour lutter contre cette croissance insoutenable, les chercheurs du Project Drawdown ont identifié plusieurs points clés sur lesquels travailler.
Adopter une alimentation riche en aliments végétaux avec une moyenne de 2 300 calories par jour, notamment dans les pays développés, permettrait d’éviter le gaspillage de plus de 160 millions de tonnes de nourriture durant les trente prochaines années.
Le gaspillage intervient à tous les stades : dans les pays à faibles revenus, il s’agit principalement de la conservation des aliments avant leur mise sur le marché, tandis que dans les pays à hauts et moyens-hauts revenus, le gaspillage se concentre en bout de chaîne alimentaire, dans les points de vente et dans les familles.
Les pratiques agro-écologiques comme l’agroforesterie ou le sylvopastoralisme qui introduisent des arbres dans les champs et les pâturages peuvent augmenter les rendements de 5 à 35 pour cent, assainir le sol et, en même temps, éliminer le carbone de l’air.
Si la moitié de la population mondiale suivait ces directives, le gaspillage alimentaire pourrait être réduit de 40 à 20 pour cent, en allégeant la pression sur les écosystèmes naturels et en permettant de soutenir la croissance démographique sans qu’il soit nécessaire de déboiser, ne serait-ce qu’un hectare, au moins jusqu’en 2050. Les émissions de gaz à effet de serre pourraient également être réduites d’environ 14 milliards de tonnes au cours des trente prochaines années, contribuant ainsi à ralentir le réchauffement climatique.
Trois points apparemment simples, mais qui doivent être abordés immédiatement, avant de se noyer dans une crise encore plus paradoxale, car elle est en grande partie générée non pas par nos manquements, mais par nos déchets.
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