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Photographier et géolocaliser les arbres : comment travaillons-nous ?

Rédigé par Tommaso Ciuffoletti | Jan 11, 2023 3:57:52 PM

Photographier et géolocaliser chaque arbre planté dans le cadre de nos projets est une partie importante de notre travail, à laquelle nous consacrons du temps, des efforts et des investissements. Avec plus de 3,5 millions d'arbres plantés à ce jour (Décembre 2022), ce n’est pas tâche facile. Dans cet article, nous levons le voile sur tout le travail qui se cache derrière ces données et ces photos.

Avant-propos : les systèmes agroforestiers

Pour expliquer le travail qui se cache derrière les photographies et la géolocalisation des arbres, il est utile de présenter brièvement comment les arbres sont plantés. Les arbres que nous plantons sont en fait plantés dans presque tous les cas [1] dans des systèmes agroforestiers. Cela signifie qu'ils sont plantés sur des terres agricoles selon des critères qui permettent une coexistence vertueuse entre les arbres fruitiers, forestiers et les cultures annuelles ou saisonnières (et dans certains cas, la présence d'animaux de ferme ou d'élevage doit également être prise en compte) [2].

Pourquoi avons-nous choisi cette méthodologie ? Parce que nos arbres sont plantés directement par les communautés agricoles locales, où chaque agriculteur cultive sa propre parcelle de terre normalement utilisée pour cultiver ce dont il a besoin pour sa subsistance et celle de sa famille. En travaillant dans de nombreux pays différents, nous pouvons trouver, selon l'endroit, des parcelles où l'on cultive du maïs, des haricots, ou dans d'autres cas, du riz, et nous pourrions continuer avec des milliers d'autres exemples ! Ce qu'il est important de comprendre, c'est que pour chaque situation et pour chaque contexte différent, nous choisissons, en collaboration avec les communautés agricoles elles-mêmes, de planter les arbres qui sont les plus aptes à fournir des avantages environnementaux et socio-économiques.

Il ne faut donc pas imaginer de grandes parcelles de monoculture, mais de nombreuses parcelles, de taille variable, dans lesquelles les arbres sont plantés en harmonie avec d'autres cultures. Parfois, une parcelle peut se trouver à plusieurs kilomètres d'une autre, une distance à parcourir sur des routes souvent inaccessibles.

Prise de photos et géolocalisation 

 

Dans cette vidéo vous pouvez voir un de nos collaborateurs, Théophane, responsable de certains de nos projets au Kenya. Nous l’avons suivi et filmé pendant sa prise de photos et la géolocalisation des arbres. La vidéo illustre bien le travail qui a lieu sur le terrain, en montrant clairement que la phase de déplacement d'un terrain à l'autre représente une part importante du temps consacré à cette activité. Quelques points supplémentaires pour expliquer que Théophane a été formé, non seulement à l'utilisation de l'équipement pour prendre la photo géolocalisée, mais aussi pour prendre un cliché aussi précis que possible. La photo doit montrer le jeune arbuste de sorte que nos experts agroforestiers puissent évaluer son état de santé. Il est donc important de cadrer les feuilles, les petites branches et la tige dans leur intégralité et dans les meilleures conditions lumineuses possibles pour que les différents éléments soient parfaitement éclairés en lumière directe.

Il est donc difficile de déterminer le nombre d'arbres qui peuvent être photographiés et géolocalisés en une journée de travail, parce que chaque zone et chaque arbre est différent. C'est un travail qui prend beaucoup de temps, non seulement pour ceux qui travaillent sur le terrain, mais aussi pour nos experts agroforestiers. Comme me l'explique Tommaso Tusa:


La coordination de cette activité implique un contact quotidien avec le partenaire, ainsi qu'une grande planification au préalable. Une logistique bien organisée est essentielle pour réduire les dépenses, obtenir des matérieux de bonne qualité et construire une bonne relation avec les partenaires sur place. C'est un travail qui permet d'établir un contact direct avec les agriculteurs/bénéficiaires à un moment très délicat de la croissance de l'arbre. L'arbre commence à s'acclimater, et il est donc primordial de pouvoir évaluer correctement son état de santé. Outre la prise de photo et la géolocalisation, nous en profitons pour parler de la plantation, d'éventuels problèmes, des suggestions, bref, le bénéficiaire est vraiment assisté dans sa démarche.

Et ce n'est que le début, car les données de chaque arbre (photos et coordonnées GPS) sont stockées sur l'appareil et doivent ensuite être téléchargées sur un PC et puis sur un serveur, pour les mettre à la disposition des experts agroforestiers de Treedom.

Validation, classement, publication

Une fois partagées sur le serveur, les photos et les données sont vérifiées. Tout d'abord, on vérifie si les données coïncident avec les directives du projet. On vérifie donc, photo par photo, qu'il s'agit bien de la bonne essence, et du bon nombre d’arbustes. Si les photos montrent un arbuste qui ne répond pas aux critères (notamment de santé et d'entretien), cette photo n'est pas acceptée. Nous sommes conscients que nous ne pouvons pas envoyer nos techniciens vérifier chaque arbre sur le terrain. C'est pourquoi, en plus de la confiance que nous accordons à nos partenaires sur place, nous vérifions chaque photo et nous nous assurons que seuls les arbres ayant une bonne condition sont plantés. Une fois la vérification des cartes et des photos terminée, nous procédons à l'attribution d'un code unique à l'arbre photographié, code sous lequel cet arbre est classé dans notre Registre des Arbres, qui est public et accessible à tous.

Il s'agit maintenant de procéder à la publication de chaque photo et de ses coordonnées GPS sur le profil de chaque arbre individuel. Au fil du temps, nous avons développé un système qui permet de procéder à la publication des missions de manière efficace et automatisée. Toutefois, la vérification et l’intervention humaine reste nécessaire - étant donné la quantité de données traitées quotidiennement - pour que tout fonctionne sans erreur.

Pour conclure

Comme vous pouvez l'imaginer, il s'agit d'un travail colossal qui demande énormément de temps et de ressources, mais qui offre en contrepartie la possibilité de créer un lien unique avec les partenaires sur place et d’assurer une totale transparence de nos projets. Bien entendu, les projets et les arbres auxquels nous donnons vie sont suivis dans le temps pour s'assurer que chaque arbre se développe sainement et qu'en cas de mortalité, un remplacement peut être effectué. Il s'agit d'indiquer clairement que les arbres sont accompagnés dans leur processus de croissance, tout d'abord par les agriculteurs qui en prennent soin et profitent de leurs fruits, puis par nos chefs de projet sur place et enfin par nos experts agroforestiers consacrent une grande partie de leur temps à se rendre sur site.

On nous demande souvent s'il serait possible de prendre davantage de photos, au fil du temps, de chacun des plus de 3,5 millions d'arbres que nous avons plantés à ce jour. Nous aimerions le faire, mais, vous l’aurez compris, ce n'est pas viable à l'heure actuelle. Dans un avenir proche peut-être, la précision toujours plus accrue des relevés par satellite pourrait offrir des alternatives durables pour le suivi constant dans le temps d'un seul arbre. 

En attendant, nous continuons à travailler selon notre méthodologie et espérons que cet article vous aura inspiré et donné envie d’agir à nos côtés en plantant vos arbres avec Treedom.


[1] Il y a quelques exceptions singulières. C’est le cas de certains de nos projets, en Italie par exemple, où nous plantons des arbres - sur des terres confisquées au crime organisé - d'une manière qui n'est pas de l'agroforesterie.
[2] Pour ceux qui souhaitent en savoir plus, il existe une section sur notre site Internet spécialement consacrée à ce sujet : https://www.treedom.net/fr/agroforestry